LES YEUX OUVERTS
Etre (in)formé, c'est être libre !
Entendre l'appel de la dignité, c'est ne pas céder aux tentations auxquelles expose l'étonnant silence de l'embryon humain. C'est dépasser le regard scientifique qui ne peut y reconnaître qu'un «amas de cellules», ce que nous sommes tous, mais pas seulement, loin s'en faut ! C'est ne pas entrer dans la «ruse de l'esprit» qui invente des distinctions « arbitraires » entre in utero ou in vitro, entre «préembryon» et «embryon». C'est reconnaître le continuum interne du développement embryonnaire et le passage par des seuils vitaux de celui qui ne peut devenir humain s'il ne l'est pas déjà. C'est considérer l'ensemble de notre droit qui, de façon cohérente, interdit l'utilisation de la vie d'un être humain pour le bien d'autres êtres humains. C'est faire les choix politiques, sans les mesurer au seul aspect financier, de moyens supplémentaires pour les recherches scientifiques menées dans le respect de la dignité humaine. Le projet de loi change l'esprit de notre droit en ouvrant, dans des conditions peu restrictives, la possibilité permanente de détruire de façon délibérée des embryons humains pour la recherche.
Par ses choix en bioéthique, la France entendra-t-elle complètement l'appel de la dignité ? Elle peut encore une fois être au rendez-vous de l'histoire pour redire l'intangible dignité "de tout être humain dès le commencement de sa vie"."
La France entendra-t-elle l'appel de la dignité ? Les politiciens français entendront-ils l'appel de la Conférence épiscopale ?
Source : Agence Zenith via le Salon Beige
Après des mois d’attente, le projet de loi de révision des lois de bioéthique vient enfin d’être présenté en Conseil des ministres ce mercredi 20 octobre. Au reproche du simple toilettage, le ministre de la Santé a opposé des « nouveautés importantes ».
Rappelant que son projet faisait suite à de nombreux débats et travaux d’évaluation confiés à des organismes consultatifs, Roselyne Bachelot a évoqué les principes auxquels les Français sont attachés, comme ils l’ont exprimé lors des états généraux de la bioéthique : « respect de la dignité humaine, refus de toute forme de marchandisation et d’exploitation biologique du corps humain ». C’est bien au regard de ces principes qu’il convient de juger les propositions du projet de loi.
« Le projet de loi, prenant acte de la stabilité de ces principes, ne prévoit pas de clause générale de révision » a expliqué l’Elysée dans un communiqué du 20 octobre. Le texte révise la loi du 6 août 2004 et porte principalement sur la génétique, la greffe, le diagnostic prénatal, l'interruption de grossesse pour motif médical, le don de gamètes, l'assistance médicale à la procréation (AMP) et la recherche sur l'embryon.
Les points positifs
La gestation pour autrui (ou système des mères porteuses) reste interdite en France : car contraire au droit de l’enfant (maternité éclatée) et au principe de non marchandisation du corps de la femme.
Le recours à l’AMP (Assistance médicale à la procréation) pour des personnes célibataires ou homosexuelles n’ayant pas de problème médical d’infertilité est écarté. L’AMP reste autorisée pour les personnes ayant des problèmes médicaux. Elle est refusée pour convenance personnelle (choix du sexe de l’enfant) et pour convenance sociale (avoir un enfant tout seul ou en couple de même sexe).
Le nouveau projet de loi aggrave les dérives autorisées par les lois précédentes concernant la recherche sur l'embryon humain.
Il y a de plus un quasi monopole de la recherche au travers de l’Institut I-Stem dirigé par le professeur Marc Peschanski (et financé en partie par le Téléthon). Son labo représente à lui seul pas loin de 20% des autorisations délivrées par l’ABM depuis 2006. Comment expliquer pareil monopole dans le paysage de la recherche française ?
Pour répondre à cette question, il faut chercher du côté « des motivations non exprimées qui se substituent ou s’ajoutent aux arguments à prétention scientifique des conquistadores de l’embryon humain », pour reprendre l’expression de Jacques Testard [1].
« Toute une filière de brevets, de savoirs techno-scientifiques et de carrières tout entières se fondent précisément sur l’utilisation des embryons humains. Dans une situation de ce genre, il serait naïf de penser que tout cela puisse être abandonné pour adopter des techniques différentes, uniquement parce qu’elles sont plus efficaces et acceptables d’un point de vue éthique. Les intérêts son trop nombreux… », telle est l’analyse sans concessions du professeur italien Angelo Vescovi [2]. Et si l’entêtement à faire de la recherche sur l’embryon n’était en fin de compte qu’une histoire d’argent ?
[1] J. Testard, « Cannibales et marchands à la recherche de l’embryon », Libération, 27 avril 2009.
[2] Dr Angelo Vescovi, Université de Milan, « Derrière la recherche sur les cellules souches, une guerre des brevets », Osservatore romano en langue française n. 23, 9 juin 2009, p. 11-12.
La PMA n’est pas remise en question Et ceci malgré son très faible taux de réussite, la production d’embryons surnuméraires, les interrogations concernant les fragilités futures des enfants conçus de cette manière.
Elle est en plus ouverte aux pacsés de sexe complémentaire, « dans un souci d’égalité avec les couples mariés[1] sans attendre les deux ans de vie commune prévus pour les couples non mariés. L’argument est fallacieux car le PaCS n’est pas l’équivalent du mariage. Le Pacs est un contrat patrimonial destiné à mettre en commun des biens matériels, alors que le mariage est une institution destinée à protéger les époux et les enfants, notamment les plus fragiles. Si bien que le Pacs n'est pas créateur de filiation. Dès lors, il sera facile « au nom de l’égalité » de revendiquer le recours à l’AMP pour des pacsés de même sexe, puis dans un deuxième temps à accepter le recours à l’AMP pour des couples de femmes non pacsées.
Le DPN (diagnostic prénatal) pourrait être prescrit par une sage-femme. Actuellement seuls les médecins proposent un dépistage puis un diagnostic en cas de doute.Sans information objective et complète, l’élimination devient la seule possibilité offertes aux parents.
Le DPI n’est pas remis en question, entérinant une disposition, de fait eugéniste.
[1] Communiqué de l’Elysée, 21 octobre 2010
Le choix retenu par le gouvernement de supprimer le caractère « expérimental » de la recherche sur l’embryon nous préoccupe fortement. Inscrire à titre permanent une exception au respect « de l’être humain dès le commencement de sa vie » [1] irait à l’encontre de « l’intérêt de l’enfant à naître » [2], principe réaffirmé avec vigueur par le rapport de la mission parlementaire d’information sur la révision des lois de bioéthique.
Au terme du moratoire de 5 ans, il était prévu que la France tirerait les leçons du dispositif provisoire mis en place par la loi de 2004. Du fait des progrès considérables enregistrés par la communauté scientifique internationale tant dans le champ des cellules souches adultes que dans celui des cellules reprogrammées dites iPS, force est de reconnaître qu’il n’y a jamais eu moins de raison qu’aujourd’hui de déroger au respect légal de l’embryon humain.
Est-il cohérent que la France continue à autoriser des recherches sacrifiant des embryons humains pour un objectif qui pourrait être atteint, plus efficacement, par d’autres méthodes ? Quand science et éthique font cause commune, protéger l’embryon devient un impératif moral, conformément aux intentions du législateur en 2004.
NDLR : la balle est dans le camp des parlementaires. Sachons les interpeller !
En attendant un post plus développé sur le sujet, on peut déjà écrire, en matière de recueil de sang de cordon et placentaire, qu'il y a lieu de se féliciter des dispositions du projet de loi visant à le développer dans un cadre solidaire. Par contre,concernant la recherche sur l’embryon humain, le nouveau projet de loi bioéthique prévoit d’aggraver les dérives autorisées par les lois précédentes.
La loi de 1994 avait autorisé la production d’embryons en surnombre et leur congélation dans le cadre des cycles de fécondations in vitro, aboutissant à détenir actuellement plus de 150 000 embryons congelés vivants ; puis la loi de 2004 avait dérogé, à titre expérimental pour cinq ans, à l’interdiction de recherche sur ces embryons dits surnuméraires – Chiffres : Agence de biomédecine.)
Le projet de loi 2010 introduit deux transgressions supplémentaires :
- La levée du moratoire sur la recherche sur les embryons ;
- L’élargissement de son champ d’application à la notion de progrès « médical », notion floue validantl’utilisation d’êtres humains comme objet d’expérimentation.
Ces évolutions sont d’autant plus injustifiées qu’aucune avancée thérapeutique n’a été obtenue à ce jour à partir de ces recherches. A l’inverse, des découvertes majeures ont récemment confirmé les potentialités des cellules souches adultes qui ne posent pas de problème éthique, et des thérapies sont déjà développées, notamment à partir des cellules de sang de cordon ombilical.
Concernant l’assistance médicale à la procréation (AMP), il est dommageable que soit prévue son ouverture aux pacsés de sexe complémentaire, sans attendre les deux ans de vie commune prévus pour les couples non mariés. Cette disposition est injuste et dangereuse pour les enfants : injuste car elle organise leur conception dans un cadre parental peu stable ; dangereuse car en assimilant le pacs au mariage, elle ouvre un boulevard revendicatif aux groupes qui militent pour la « procréation homosexuelle ». A terme, on risque de cautionner la conception artificielle d’enfants par des personnes n’ayant aucun problème d’infertilité médicale et de les priver délibérément d’un père ou d’une mère
Lu sur le site de l'ADV
La recherche française sur les cellules souches embryonnaires et l’embryon humain est-elle à bout de souffle ? S’il est trop tôt pour apporter une réponse définitive à cette question, le dernier rapport d’activités de l’Agence de la biomédecine fait état d’un désintérêt croissant des scientifiques pour ce secteur de la recherche. La révolution biologique des cellules souches induites est passée par là.
La lecture du dernier bilan d’activités rendu public en septembre 2010 par l’Agence de la biomédecine (ABM) est fort instructive [1]. En particulier celle du chapitre consacré à la présentation des protocoles de recherche sur l’embryon et cellules souches embryonnaires autorisés depuis 5 ans.
L’ABM y reconnaît en effet que « le nombre de demandes pour une première autorisation de recherche, après avoir atteint un pic en 2006, baisse régulièrement depuis », s’inquiétant que « seules trois demandes d’autorisation ont été déposées en 2009 » (p. 82). Pour expliquer le phénomène, l’ABM avance l’hypothèse selon laquelle « les projets de recherche [impliquant] les cellules somatiques reprogrammées (iPS) ont pu représenter [...] une ‘‘alternative d’efficacité comparable’’, selon les termes de la loi, à l’utilisation de cellules souches embryonnaires humaines (CSEh) [avec] donc autant de demandes en moins » (Ibid.).
Contre-performances
Une fois n’est pas coutume, force est de reconnaître que l’explication donnée par l’ABM est on ne peut plus juste. Le tournant de la recherche sur les thérapies cellulaires se situe en effet en 2007, considérée par beaucoup comme une année charnière dans la jeune histoire de la médecine régénératrice. À cette époque, l’enthousiasme des scientifiques pour les cellules souches embryonnaires s’est déjà largement refroidi. Outre les problèmes éthiques qu’elles soulèvent, de nombreuses expérimentations à travers le monde montrent que les CSEh présentent une instabilité chromosomique et une propension à la formation de tumeurs.
Les chercheurs n’ignorent pas non plus que malgré leur position de leaders mondiaux dans les recherches sur l’embryon, des pays comme la Corée du Sud ou le Royaume-Uni n’ont toujours pas enregistré le plus petit début de résultat significatif pour la science et la médecine. Même constat aux Etats-Unis où les scientifiques, grâce à l’apport de fonds privés faramineux, contournent la décision de l’ancien locataire de la Maison blanche d’en interdire le financement fédéral. Sans plus de succès. Les contre-performances des cellules embryonnaires ne sont toutefois qu’une des raisons de ce désenchantement.
Car par-dessus tout, c’est en 2007 que les médias de la planète vont révéler qu’une équipe japonaise dirigée par le professeur Shinya Yamanaka de l’Université de Kyoto a réussi ce que personne n’avait imaginé possible : reprogrammer des cellules adultes de peau de manière à leur faire recouvrir un état de pluripotence (d’où leur dénomination de cellules souches induites ou iPS) [2]. À l’aide d’un cocktail de quatre gènes correctement sélectionnés, Yamanaka parvient à dédifférencier des cellules hautement spécialisées en cellules souches capables à leur tour de générer n’importe quel type cellulaire.
La révolution des iPS
En moins de quatre ans, la technique ne va cesser de se perfectionner, les meilleures équipes internationales n’hésitant pas à renouveler totalement leurs axes de recherches, opérant parfois des revirements spectaculaires. C’est le cas du professeur écossais Ian Wilmut, célèbre pour avoir cloné la brebis Dolly. Lors d’une conférence de presse qui fera le tour du monde, ce dernier annonce que la révolution des iPS a sonné le glas de la recherche sur le clonage embryonnaire, dont il était pourtant l’un des partisans les plus engagés [3]. C’est également le cas du professeur James Thomson aux États-Unis (Université du Wisconsin-Madison), celui-là même qui a isolé et cultivé les premières lignées de cellules souches embryonnaires [4]. Les chercheurs français pouvaient-ils demeurer indifférents devant une telle accumulation de faits objectifs ?
L’ABM a donc parfaitement raison. Plusieurs équipes françaises n’ont pas jugé bon de s’engager dans l’impasse de la recherche sur l’embryon et/ou se sont tournées vers les cellules souches reprogrammées, un des champs les plus prometteurs de la biologie cellulaire actuelle. Avec en prime l’absence de dommages éthiques, ce qui est évidemment beaucoup plus confortable sur le plan intellectuel pour un nombre non négligeable de femmes et d’hommes de science qui n’ont pas forcément envie de faire progresser la recherche au détriment du respect de la vie humaine.
Depuis la publication fondatrice de Yamanaka, pas un mois sans une étude apportant la preuve de la supériorité scientifique des cellules à pluripotence induite. La dernière en date, c’est l’Agence d’information Genethique qui vient de la mettre en ligne en avant première [5]. Des chercheurs du Harvard Stem Cell Institute de Boston ont mis au point une technique de reprogrammation de cellules adultes de peau en utilisant des molécules d’ARN messagers n’affectant pas le génome des cellules receveuses [6]. Rendue ainsi plus sûre avant une éventuelle application clinique, la procédure est par ailleurs deux fois plus rapide que celle des Japonais, et avec un taux d’efficacité multiplié par un facteur 100.
Plusieurs personnalités ont d’ores et déjà salué cette expérience comme une nouvelle percée sans précédent dans le domaine de la médecine régénérative. Derrick Rossi qui a dirigé cette étude a immédiatement encouragé tous ses collègues de l’Université de Harvard à l’expérimenter. Le professeur Yamanaka lui-même a annoncé qu’il allait la tester dans son laboratoire. Conceptuellement, on n’a jamais été aussi près d’une thérapie cellulaire personnalisée. Contrairement aux CSEh déclenchant un rejet immunitaire systématique chez l’organisme receveur, les cellules iPS peuvent en effet être obtenues à partir de cellules prélevées sur le patient lui-même. Elles ont donc l’avantage considérable d’être parfaitement immuno-compatibles. C’était d’ailleurs le rêve des promoteurs du clonage embryonnaire humain de disposer de cellules taillées sur mesure. On comprend mieux pourquoi la technique de transfert nucléaire est complètement tombée en désuétude, quelques mois seulement après la découverte des iPS.
“Conquistadores”
Alors, quel intérêt à s’obstiner à « faire de l’embryon » ? D’après l’ABM, on note en effet l’existence de 45 protocoles valides en France fin 2009. Cependant, si l’on se donne la peine de faire une lecture détaillée du tableau récapitulatif, on s’aperçoit que l’essentiel de la recherche est concentré sur Paris et l’Île-de-France, en particulier à Évry où se trouve l’Institut I-Stem dirigé par le professeur Marc Peschanski (et financé en partie par le Téléthon). Son nom est cité neuf fois, ce qui signifie que son labo représente à lui seul pas loin de 20% des autorisations délivrées par l’ABM depuis 2006. Comment expliquer pareil monopole dans le paysage de la recherche française ?
Pour répondre à cette question, il faut chercher du côté « des motivations non exprimées qui se substituent ou s’ajoutent aux arguments à prétention scientifique des conquistadores de l’embryon humain », pour reprendre l’expression de Jacques Testard [6].
« Toute une filière de brevets, de savoirs techno-scientifiques et de carrières tout entières se fondent précisément sur l’utilisation des embryons humains. Dans une situation de ce genre, il serait naïf de penser que tout cela puisse être abandonné pour adopter des techniques différentes, uniquement parce qu’elles sont plus efficaces et acceptables d’un point de vue éthique. Les intérêts son trop nombreux… », telle est l’analyse sans concessions du professeur italien Angelo Vescovi [7]. Et si l’entêtement à faire de la recherche sur l’embryon n’était en fin de compte qu’une histoire d’argent ?
Il n’y a jamais eu autant moins de raisons qu’aujourd’hui de déroger au respect légal de la « vie de l’être humain dès le commencement de sa vie » (art.16 du Code civil). Il n’a jamais été aussi incohérent de poursuivre des recherches sacrifiant des embryons humains pour un objectif qui pourrait être atteint, plus efficacement, par d’autres méthodes. Mais parce qu’ils ont tout misé sur l’embryon, certains espèrent rentabiliser coûte que coûte leurs travaux et pour parvenir à leurs fins, au mépris de l’éthique bien sûr mais encore du plus élémentaire bon sens, n’hésiteront pas une seconde à mobiliser leurs réseaux pour influencer la rédaction de la future législation en leur faveur.
[1] Agence de la biomédecine, Rapport annuel 2009, septembre 2010, p. 76-87.
[1] K. Takahashi, S. Yamanaka et al. “Induction of pluripotent stem cells from adult human fibroblasts by defined factors”, Cell, 2007, 131:861-872.
[1] “Les recherches sur l’embryon et le clonage sont-elles encore nécessaires après la découverte des cellules iPS?”, Interview exclusive du Pr Ian Wilmut par Genethique, mai 2009.
[1] J. Thomson and al., “Induced pluripotent stem cells lines derived from human somatic cells”, Science, 2007, 318:1917-1920.
[1] « Des cellules de peau en cellules iPS », Genethique, 1er octobre 2010.
[1] D. Rossi, L. Warren and al. “Highly efficient reprogramming to pluripotency and directed differentiation of human cells with synthetic modified mRNA”, Cell Stem Cell, 30 September 2010.
[1] J. Testard, « Cannibales et marchands à la recherche de l’embryon », Libération, 27 avril 2009.
[1] Dr Angelo Vescovi, Université de Milan, « Derrière la recherche sur les cellules souches, une guerre des brevets », Osservatore romano en langue française n. 23, 9 juin 2009, p. 11-12.
Suite au recours déposé par la Fondation Jérôme-Lejeune contre l’Agence de la biomédecine, dans le cadre d’une dérogation accordée pour des recherches sur des cellules souches embryonnaires, le biologiste Marc Peschanski a préféré suspendre son programme jusqu’au jugement.
Derrière cette affaire judiciaire se profile le prochain débat sur la révision des lois de bioéthique. Rendu public il y a un mois par le ministre de la santé, Roselyne Bachelot, le projet de loi prévoit de maintenir, à titre de principe, l’interdiction de recherche sur l’embryon, en l’assortissant de la possibilité de dérogations. Parmi les conditions posées pour obtenir une autorisation, le gouvernement souhaite remplacer l’expression de «progrès thérapeutiques majeurs» par celle, plus large, de «progrès médicaux majeurs». De quoi permettre une recherche accrue sur l’embryon.
Le jugement du tribunal administratif de Paris est attendu dans une quinzaine de jours.
Le ministre de la Santé Roselyne Bachelot a dévoilé les grandes lignes de son projet de révision des lois votées en 2004.
Jamais, une telle loi n’avait suscité autant d’intérêt dans la population et il faut saluer l’initiative du gouvernement d’avoir associé dès 2008 les citoyens français à sa révision. De forum en conférences, ils ont eu l’occasion de mieux en comprendre les enjeux et les difficultés de sa cohérence avec nos principes. L’orientation suivie par le gouvernement mêle satisfaction et inquiétude, n’étant pas remise en cause l’« autonomie » de la loi de bioéthique, comme si l’éthique biomédicale était définitivement sans maître.
Rebondissement aux États-Unis : le 23 août, la cour fédérale de Washington a bloqué le financement public de la recherche sur les cellules souches embryonnaires autorisé par le président Obama, lui infligeant un sérieux camouflet. Dans une procédure en référé, le juge Royce Lamberth (photo) a suspendu le financement par l’État fédéral de la recherche sur les cellules souches embryonnaires devenu légal avec le décret du 9 mars 2009. La Maison blanche a fait appel de ce jugement.
La déconvenue est loin d’être négligeable pour Barak Obama si l’on songe qu’il avait pesé de tout son poids pour que l’argent public puisse dorénavant servir à financer ce secteur de la recherche. Pendant les huit années où George W. Bush fut au pouvoir, seuls des fonds privés étaient autorisés et ne concernaient en outre qu’une vingtaine de lignées cellulaires embryonnaires. En signant le décret, il s’agissait pour le nouveau locataire de la maison blanche de prendre rapidement ses distances avec la politique pro-life de son prédécesseur.
Comment expliquer ce revirement juridique ?