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6 février 2011 7 06 /02 /février /2011 06:30

Fichier:Charles peguy.jpg
                       




 

 

 

 

 

 

 

Il n’y a plus de chrétien tranquille !

 

 

  Charles Péguy  Ecrivain, Poète, Essayiste ( 7 janvier 1873 - 5 septembre 1914 )

Mise en ligne en  décembre 2009 puis en juin 2010, cette réflexion de Charles Péguy nen finit pas ... de ne pas vieillir !

 

"Ces croisades, que nos pères allaient chercher jusque sur les terres des infidèles, ce sont elles, à présent, qui nous ont rejointes, et nous les avons à domicile, nos fidélités sont des citadelles.
   
 Ces croisades, qui jetaient des continents les uns sur les autres, elles ont reflué chez nous, elles sont revenues jusque dans nos maisons, sous la forme d’un flot d’incrédulité, elles ont reflué jusqu’à nous. Nous n’allons plus porter le combat chez les infidèles, ce sont les infidèles, épars, diffus ou précis, informes ou formels, généralement répandus, les infidèles du droit commun, et encore plus ce sont les infidélités qui nous ont apporté le combat chez nous. Le moindre de nous est un soldat, est littéralement un croisé. Nos pères, comme un flot d’armées envahissaient des continents infidèles, à présent, au contraire, c’est un flot d’infidélité qui tient la haute mer et qui, incessamment, nous assaille de toutes parts. Toutes nos maisons sont des forteresses in periculo maris, au péril de la mer.

La guerre sainte est partout , elle est toujours, elle est à présent qui va de soi, qui est de droit commun. C’est pour cela qu’elle n’a pas besoin d’être décrétée, signifiée. Cette guerre sainte qui autrefois s’avançait comme un grand flot, dont on savait le nom, brisée aujourd’hui émiettée en mille flots, vient battre le seuil de notre porte. Ainsi, nous sommes tous des flots battus d’une incessante tempête, et nos maisons sont des forteresses dans la mer.

Nos Pères avaient besoin de se croiser eux-mêmes et de se transporter pour faire la croisade. Nous, Dieu nous a croisé lui même - quelle preuve de confiance- pour une croisade incessante, sur place. Les plus faibles, femmes, les enfants au berceau sont déjà assiégés. La guerre bat le seuil de nos portes, nous n’avons pas besoin d’aller la chercher, d’aller la porter. C’est elle qui nous cherche et nous trouve.

Les vertus qui n’étaient requises que des hommes d’armes du Seigneur en armure, aujourd’hui sont requises de cette femme et de cet enfant. Nous sommes tous aujourd’hui placés sur la brêche, nous sommes tous à la frontière, la frontière est partout. La guerre est partout, brisée, morcelée, en mille morceaux, émiettée. Nous sommes tous placés aux marches du Royaume, nous sommes tous marquis »



Charles PEGUY, cité par Daniel HALEVY, Collection Pluriel, pp291-292. », Notre jeunesse ».

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